Démolition du mausolée du poète Khalilullah Khalili à l’université de Kaboul

26 octobre 2025

Aujourd’hui, le mausolée du poéte Khalilullah Khalili, poète et érudit éminent d’Afghanistan, a été retiré du campus de l’université de Kaboul. Des images diffusées sur les réseaux sociaux et des rapports médiatiques montrent que le lieu de sépulture de cette figure illustre de la langue et de la littérature persanes a été nivelé à l’aide d’un tracteur, ne laissant aucune trace de sa tombe.

La nouvelle a provoqué une vague de tristesse et d’indignation au sein de la communauté culturelle et littéraire afghane. De nombreux intellectuels ont qualifié cet acte de « symbole de l’effacement de la mémoire culturelle » et de « mépris envers l’héritage commun des persanophones ».

Dr Sami Hamed, poète, écrivain et président de l’Union des écrivains d’Afghanistan, a réagi sur sa page Facebook

« Il ne faut pas attendre que les talibans commettent une nouvelle destruction pour réagir ; le simple fait qu’ils soient au pouvoir dans ce pays suffit à comprendre que notre pensée et notre culture sont chaque jour martyrisées. »

D’autres écrivains ont évoqué les préjugés ethniques et linguistiques des talibans. Moussa Zafar, humoriste afghan, a publié la photo d’un tracteur en train de démolir le mausolée de Khalili, accompagnée de ce commentaire :

« Si demain ils annoncent qu’il est interdit de parler persan dans les rues et les marchés, je ne serai même pas surpris. »

Mujib Mehrdad, poète et journaliste afghan, a écrit :

« Jusqu’à quand cette force destructrice et démoniaque continuera-t-elle à écraser les racines de la culture afghane sous ses bulldozers et ses tanks, avant que leurs soutiens ethnicistes ne ressentent enfin la douleur du reste du peuple afghan ? »

Professeur Khalili est décédé au printemps 1987 à Islamabad, au Pakistan, et a été enterré dans un cimetière de réfugiés afghans en périphérie de Peshawar.

Vingt-cinq ans plus tard, en 2012, sa dépouille a été transférée à Kaboul et inhumée lors d’une cérémonie officielle près du mausolée de Seyyed Jamal ad-Din Afghani, dans l’enceinte de l’université de Kaboul.

Né en 1907 à Kaboul, Khalilullah Khalili est considéré comme l’une des figures majeures de la poésie classique contemporaine d’Afghanistan. Professeur accompli des formes traditionnelles telles que le qasida et le ghazal, il fut également l’un des premiers poètes afghans à expérimenter la poésie moderne.

Outre ses activités littéraires, il occupa plusieurs postes de haut rang, notamment vice-recteur de l’université de Kaboul, directeur de la presse indépendante, conseiller de presse du roi Mohammad Zaher Shah, ainsi qu’ambassadeur d’Afghanistan en Arabie saoudite et en Irak. Après le coup d’État du 27 avril 1978, il se retira de la vie politique et passa les dernières années de sa vie en exil.

Plus de trente ans après sa mort, la destruction de son mausolée par les talibans ravive les inquiétudes profondes quant à l’avenir du patrimoine culturel afghan sous le régime de ce groupe, connu pour son hostilité envers tous les symboles de civilisation et de culture.

Lors de leur premier règne dans les années 1990, les talibans avaient déjà fait exploser le mausolée d’Ahmad Zahir, célèbre chanteur afghan, et en 2001, ils avaient détruit à la dynamite les majestueuses statues bouddhiques de Bamiyan, vieilles de 1 500 ans.

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