Kawa Jobran, poète et écrivain persanophone, est né en 1984 à Kaboul, capitale de l’Afghanistan. Il a entrepris des études supérieures en langue et littérature persanes à l’Université de Kaboul, où il a obtenu un master. Animé par une passion profonde pour les lettres et la pensée critique, il a poursuivi son parcours académique en intégrant un programme de doctorat à l’Université Ferdowsi de Machhad, en Iran. Cependant, avant de pouvoir achever sa thèse et la présenter devant le jury, l’effondrement du gouvernement afghan en 2021 l’a contraint à quitter précipitamment son pays natal. Depuis lors, il vit en exil à Paris, où il a trouvé refuge et continue son chemin intellectuel.

Jobran est l’auteur des romans « Loharan » (2013) et « La vie sur commande des moustiques » (2016), deux œuvres marquantes publiées à Kaboul, qui ont suscité l’attention de la critique littéraire afghane. Avant de se consacrer pleinement à la prose, il s’est illustré dans le domaine de la poésie avec trois recueils remarqués : « Il restait un jour avant la fin de l’amour » (2007), « Le soleil est en congé » (2009), et « Chanson et terroriste » (2011). Ces textes, empreints d’une sensibilité aiguë et d’une conscience politique affirmée, témoignent de son engagement artistique face aux réalités sociales de son pays.

Le poète et écrivain afghan de renom, Sayed Reza Mohammadi, a salué le roman « La vie sur commande des moustiques » comme « un livre remarquable et profond ; l’un des meilleurs récits issus des méditations prophétiques d’un écrivain-poète. Ce qui importe surtout, c’est qu’il s’affranchit ici de l’ombre du langage et des descriptions poétiques qui dominaient son premier roman. Un ouvrage qui, s’il est bien traduit, brillera longtemps dans la mémoire de la littérature, tant nationale qu’universelle. » Ce commentaire souligne la maturité narrative de Jobran et la portée universelle de son écriture.

Ce roman, porté par une voix narrative fictive et subtilement construite, évoque une époque sombre que de nombreux lecteurs et critiques associent à la première domination des talibans en Afghanistan. Il s’agit d’une période marquée par le fondamentalisme religieux, la tyrannie politique, la misogynie institutionnalisée et l’obscurantisme culturel. À travers cette œuvre, Jobran explore les mécanismes de l’oppression et les blessures de la mémoire collective. Cette thématique traverse l’ensemble de son travail littéraire : qu’il s’agisse de ses romans, de ses recueils de poésie ou de ses articles critiques, son écriture s’inscrit dans une lutte constante contre le fondamentalisme, l’autoritarisme et toutes les formes de violence idéologique qui gravitent autour de ces systèmes.

Avant son exil, Kawa Jobran a exercé plusieurs fonctions dans le paysage intellectuel et médiatique afghan. Il a été professeur d’université, journaliste, et directeur de plusieurs organes de presse, jouant un rôle actif dans la diffusion de la pensée critique et dans la défense des droits humains. Après son arrivée en France, il a intégré le programme de master en anthropologie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, institution prestigieuse dédiée à la recherche en sciences humaines. Il y poursuit actuellement ses études et se prépare à soutenir son mémoire, poursuivant ainsi son engagement intellectuel dans un nouveau contexte géographique et culturel.

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